Le livre LE JEU DU VISAGE, écrit par KOZLOFF MAX, édité par PHAIDON FRANCE coute 39,95 €.
D'Edward Sheriff Curtis à cindy Sherman...
Le visage a, entre autres fonctions, celle d'ambassadeur, et sa mission commence dès qu'il s'expose aux yeux du monde. Nous sommes des animaux prompts à dévisager, à scruter nos semblables, habitués et sans doute même programmés pour adapter les infinis scénarios de nos actes à leur physionomie, aux signes qu'on y détecte. Jonathan Miller résume fort bien les attributions du visage lorsqu'il écrit que c'est à travers lui que l'on existe. C'est par lui qu'on embrasse, mange, respire, parle. Par lui qu'on regarde, écoute, sent. Par lui qu'on a pleinement conscience d'être regardé. C'est lui qu'on cache dans les moments de honte, et c'est cette même face qu'on croit perdre lorsque l'honneur est sali. Comme ces fonctions relèvent autant de l'organique que de l'émotionnel, il va sans dire que les visages sont des territoires qu'on ne finira jamais d'explorer. (...)
Je ne doute pas qu'un visage puisse inspirer dans le même instant des lectures justes et fausses. Dans la vie courante, ces instants s'entremêlent, traduisant une ambiguïté intrinsèque. Ailleurs, comme en peinture, l'instant est isolé (parmi tant d'autres) dans un réseau d'indices en photographie, il est soustrait à son flux d'origine par un oeil mécanique et arrêté sans ménagement. Dans les deux cas, la physionomie se trouve accentuée par une représentation où le spectateur anonyme contemple le passé depuis un contexte contemporain, différent. Cet ouvrage s'intéresse à ces moments figés en les illustrant de portraits photographiques réalisés depuis environ 1900 à nos jours.
Max Kozloff, Le jeu du visage. Le portrait photographique depuis 1900, Phaidon, 2008, p. 7.
Exposition :